Un peu de poésie
Posté par vmozo4328 le 21 août 2009
EMILIO BALLAGAS (1908-1954)
Emilio Ballagas, poète et écrivain, est né à Camagüey, la ville qui m’a vu naître il y a presque 60 ans. Camagüey est la troisième province en importance à Cuba, terre aussi bien d’hommes et femmes de lettres, comme Guillén et Gertrudis Gómez de Avellaneda, que de guerriers qui faisaient trembler les Espagnols au XIX siècle.
Selon le Dictionnaire mondial des littératures de Larousse, ses premières poésies sont d’une sensualité discrète (Joie et fuite, 1931). Influencé par Luis Cernuda, il compose Saveur éternelle (1939) ; le sentiment de solitude et d’angoisse le conduit à une crise religieuse (Notre Dame de la Mer, 1943). Ciel en otages (1951) marque une maîtrise des formes, du sonnet surtout. Il consacre deux ouvrages capitaux à la poésie noire hispano-américaine (Anthologie de la poésie noire, 1935 et 1944 ; Carte de la poésie noire américaine, 1946).
POEMA
Avec seulement ta couleur,
ta couleur.
Moi je reste avec ta couleur.
J’aurai pour y faire naufrage
des fleuves de pulpe et de miel.
De hautes hanches qui ondulent
lentement tels des bananiers
(Moi je reste avec ta couleur.)
Et des mains pour apprivoiser
le bongó d’où monte la fièvre.
Et ta silhouette effarouchée
qui paraît dans la profondeur
d’un ciel traversé d’éperviers.
(Épervier, plumage de soie
et fleur à la griffe sauvage.)
Avec seulement ta couleur.
Peau.
Miel.
Fleur.
Moi, je reste avec ta couleur !
Cahier de poésie noir, 1934. (Poésie cubaine du XXe siècle, Claude Couffon)
Publié dans Cuba, Poésie | 13 Commentaires »