Maux de société

Posté par vmozo4328 le 31 août 2009

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MAUX DE SOCIÉTÉ

23 juillet 2009, le temps de finir ma promenade d’après-dîner, je rentre au bureau.  Alors que je suis prêt à reprendre mon travail, le téléphone sonne. Je m’attendais à cet appel depuis un certain temps, c’était celui qui signifiait que tout était fini, que presque  14 ans de travail partaient en fumée. La situation, même appréhendée, me surprit tout de même.

Il s’ensuivit une courte réunion pour m’expliquer que mon poste de traducteur et sous-titreur français-espagnol venait d’être aboli. Des mots fades, prononcés sans aucun état d’âme par la p.-d. g. Des mots comme des balles qui foncent droit sur leur cible. Le tout sur un ton quasi militaire.

En fait, à certains égards, TV5 Québec-Canada avait des allures de caserne : il fallait marcher au pas, se soumettre. Le genre d’entreprise où l’on divise pour mieux régner, où l’hypocrisie danse au rythme de la mesquinerie et où l’incompétence génère des éloges. Les excuses données pour abolir le poste n’avaient pas de sens. La vérité, c’est que, depuis leur syndicalisation il y a six ans, les traducteurs avaient signé leur arrêt de mort.

Pourtant, il y a presque 14 ans, le Français Claude Montet avait eu suffisamment de vision pour imaginer que le sous-titrage traduit ouvrirait les portes de TV5 à l’Amérique latine et que le meilleur endroit pour le faire était ici, au Québec, en Amérique française. Le temps de tomber entre les mains de gens qui n’avaient aucune connaissance de la traduction comme du monde en général et tout était fini. Traduction ne rimait plus avec qualité mais avec vitesse. Le savoir-faire ne comptait plus et la médiocrité devenait la norme. Le sous-titrage traduit n’a plus jamais intéressé TV5.

Pour ma part, comme cadeau d’adieu, je n’ai eu qu’une lettre avec les remerciements de circonstance et la surveillance jusqu’à la dernière minute ; la compagnie craignait-elle que je casse quelque chose où que j’ameute quelqu’un ? On m’a expliqué plus tard que c’est l’usage dans bien des bureaux. Moi, je me suis dit qu’une compagnie qui agit de la sorte est malade. À l’aube de mes 60 ans, je me demande si je ne viens pas plutôt de gagner ma liberté ; l’esclave venait en fait de laisser son négrier.

2 Réponses à “Maux de société”

  1. Luz Tercero dit :

    Bravo, cher Victor! Ces gens là ne meritent que du mépris.

    Et oui, tu as gagné ta liberté avec la fierté du travail bien accomplie.

  2. Victor dit :

    Merci, ma chère Luz. Tu peux bien me comprendre.

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