La liberté de presse en Amérique latine
Posté par vmozo4328 le 29 septembre 2009
Journaliste tabasé au Venezuela. Photo Journal Tal Cual
L’écrivain et politicien français François-René de Chateaubriand (1768-1848) avait déjà écrit : C’est par la liberté de la presse que les droits des citoyens sont conservés, que justice est faite à chacun selon son mérite. La liberté de la presse donc est un combat commencé depuis des siècles, qui ne semble jamais finir et dont la signification varie selon les époques et les gouvernements. Dans les pays libres surtout, elle est considérée comme un droit fondamental qui ne supporte aucune contrainte. Dans les pays totalitaires ou à la démocratie douteuse, ce droit s’ajuste au bon vouloir de celui qui gouverne.
Le Québec est un de ces endroits où la liberté de la presse s’exerce pleinement, mais c’est aussi, hélas, un des endroits où les chroniqueurs – que je considère par ailleurs très bons – oublient souvent les confrères et consœurs de leur propre continent dont la liberté d’expression est en train de s’effriter. À la lecture des chroniques internationales qui paraissent dans les journaux québécois, le monde semble se limiter à certaines de ses parties : l’Europe, le Moyen-Orient, les États-Unis et le Canada.
Pourtant, depuis quelques semaines, voire quelques mois, les attaques contre la presse écrite et contre différents médias se multiplient, d’une façon tantôt directe, tantôt sournoise, dans certains pays d’Amérique latine. Et il ne s’agit pas d’attaques anodines, puisqu’elles viennent directement des dirigeants de pays soi-disant démocratiques.
Par le biais de lois qui cachent plutôt une façon d’exercer, à court et à long terme, un contrôle total sur les médias, des pays comme le Venezuela, l’Argentine, l’Équateur, la Bolivie, le Nicaragua étouffent et acculent à l’autocensure tout média qui ose contester certaines lois ou la façon de gouverner de quelques élus. Au Venezuela, les « Hugomacoutes » ont déjà eu recours à la violence verbale et même physique contre des journalistes. Il se passe bien des choses en Amérique latine, des choses très graves, et ici on fait semblant de ne rien voir. A moins qu’on considère que cela fasse partie du folklore latino-américain et que donc ça n’a pas d’importance ?
Mesdames et messieurs les journalistes, je crois que vous devriez penser aux milliers de Latino-Américains qui vivent à Montréal. Beaucoup de ceux que je côtoie ont l’impression que la presse québécoise fait preuve de condescendance envers eux. Peut-être le moment est-il venu de leur faire savoir qu’on s’intéresse à ce qui se passe dans leurs pays d’origine et qu’on en parle quand c’est le temps.
Justement, en ce moment, des journalistes de renommée internationale comme le Vénézuélien Simon Alberto Consalvi, ex-politicien, ex-diplomate et écrivain, ou encore l’Argentin Andrés Oppenheimer, pour ne nommer que ces deux là, nous alertent sur la situation de la presse et sur la course aux armements qui s’amorce en Amérique latine. Cette liberté de presse, si sacrée ici, est en péril, donc, dans notre propre continent. Il est très surprenant également que des journaux d’Europe commentent et soient de plus en plus préoccupés par ce qui se passe dans certains pays de l’Amérique latine, à l’heure ou course aux armements et censure progressent au même rythme.
Les Latino-Américains du Québec aimeraient que la presse québécoise s’intéresse un peu plus à eux, qu’on parle de l’Amérique latine avant que survienne le prochain ouragan, qu’on écarte du pouvoir un président, ou alors que Castro trépasse. L’Amérique latine ne devrait pas être un fait divers dans la presse québécoise.
Victor Mozo ©
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