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La libération selon Yoani

Posté par vmozo4328 le 10 avril 2010

 

Libération

 

La libération selon Yoani dans Amérique latine barrotes

Ceci n’est pas la chronique d’une femme qui réussit à s’échapper de l’emprise d’un mari abusif, ni l’histoire de l’adolescent qui se libère de parents autoritaires ; le titre se réfère à un autre processus d’émancipation, à cette autorisation –pénible et féodale- que doivent demander les docteurs, les infirmières et les pharmaciens pour voyager en dehors de l’île. II existe une procédure obligatoire, qui porte le nom significatif de « libération », et que doivent obligatoirement suivre les travailleurs de la Santé Publique, pour une sortie du pays temporaire ou définitive. Il est mentionné dans le dossier du voyageur potentiel s’il possède en propre une maison ou une auto, car l’Etat les confisquera s’il n’est pas de retour dans les onze mois. La démarche comprend de nombreux niveaux d’autorisation qui peuvent demander une, voire dix années. Beaucoup ne reçoivent jamais de réponse.


Mario soignait des patients dans une consultation spécialisée, et il a commencé à être regardé comme un déserteur le jour où il a annoncé son désir de rejoindre sa famille de l’autre côté de la mer. Immédiatement on l’a condamné à occuper un poste de médecin généraliste dans un corps de garde très éloigné de chez lui. On lui rappelait chaque jour que ce diplôme accroché à un mur de son bureau, c’est la révolution, que maintenant il trahissait, qui le lui avait donné. Cinq années à devoir avaler sans rien dire coups de poignard et enquêtes pour un sauf-conduit –d’abandon du pays –que le ministre concerné n’avait pas encore signé. « Nous avons beaucoup de cas, nous n’arrivons pas à traiter » lui répétait la secrétaire et son épouse exilée éclatait en sanglots à l’autre bout de la ligne lorsqu’il lui racontait çà. Pendant ce temps ses enfants grandissaient sans père dans un endroit lointain.


Dans son impuissance, Mario en vint à reprocher à sa mère d’avoir porté aux nues les études de médecine. « Pourquoi ne m’as-tu pas averti ? » lui cria-t-il un soir où il n’en pouvait plus de cette blouse blanche qui était devenue une entrave. Lorsqu’ils lui permirent de prendre l’avion un cercle de calvitie s’était formé au milieu de sa tête et un tic nerveux s’était emparé de ses mains. Ce n’était plus l’orthopédiste dynamique des années passées mais quelqu’un de décidé à quitter les hôpitaux qu’accueillirent ceux qui l’attendaient dans un aéroport lointain. L’angoissant processus de « libération » lui avait coupé l’envie de réparer un genou ou de redresser un talon ; il ne pouvait s’empêcher de penser que cette profession l’avait séparé de sa famille.
Traduit par Jean-Claude MAROUBY

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