Posté par vmozo4328 le 30 juillet 2010

Chers lecteurs, chères lectrices, n’allez surtout pas penser que je vous ai oubliés même si je n’ai pas écrit pendant un certain temps. Nous étions très occupés, mon épouse et moi, à mener à bien un très beau projet qui verra le jour à la fin octobre et dont je vous reparlerai le moment venu. Pour le moment, je reprends l’écriture, lentement mais sûrement. Il y aura aussi une nouveauté, les caricatures d’Alfredo Pong, que je pourrai reproduire grâce à son aimable autorisation. Vous allez rire et réfléchir aussi !
Un jour comme aujourd’hui, il y a 27 ans, je suis arrivé au Québec. Je me souviens qu’il faisait beau et très chaud. La température laissait présager que je vivrais dans un pays où je serais reçu très chaleureusement. Je dois ajouter que je venais de quitter Cuba, le pays qui m’avait vu naître et où je laissais de très bons souvenirs, les rues et les amis de mon enfance, mes premières peines d’amour et la souffrance de la captivité pendant deux ans. Je n’y suis plus jamais retourné.
Vingt-sept ans plus tard, je ne regrette rien, mais mon pays, son peuple, ses odeurs, ses vieilles rues coloniales me manqueront toujours. Je sais aussi que j’y retournerai un jour pour une dernière fois…
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Posté par vmozo4328 le 27 juillet 2010
Willian Ferreira
Ça doit aller très mal à Cuba puisque le gouvernement a décidé de laisser sortir le mort-vivant de sa retraite. Beaucoup de gens se posent des questions et les commentaires vont dans plusieurs directions. Certains disent que c’est pour dévier l’attention et faire oublier la libération des prisonniers politiques, qui se fait au compte-gouttes. D’autres y voient un retour en force pour rappeler au monde que c’est lui, Fidel, qui tient encore les brides du pouvoir. Bien qu’il les ait toujours tenues, même in articulo mortis… Enfin, ce qu’il faut se dire, c’est que l’homme est bien vivant et que Raúl ne faisait que suivre les ordres que lui dictait son grand frère. Question politique, rien ne tient du hasard à Cuba.
Fidel Castro a toujours été le grand maître des coups médiatiques et ses dernières sorties n’ont pas été faites sans planification. Tout a été soigneusement étudié du début jusqu’à la fin. Ce n’est pas par hasard que les Cubains ont pu entendre à la radio ces vers de la fameuse chanson de Carlos Puebla qui date des années 60 : Se acabó la diversión/llegó el Comandante y mandó a parar. Ce qui veut dire : Finie la rigolade, le commandant est arrivé. À chaque fois que les choses sont au plus mal, comme c’est le cas actuellement – une économie asphyxiée, moribonde, en plus d’une contestation silencieuse qui se manifeste de plus en plus –, Fidel Castro sort une carte de sa manche.
Mais, carte ou pas, le temps presse après quasiment 52 ans à voir les mêmes visages et à subir les mêmes politiques qui ne sont jamais allées bien loin. Les Cubains se lassent, ils ne sont plus exaltés comme à l’aube de la révolution. Ils n’y croient plus et d’ici quelques années, l’Histoire nous fera le grand coup, comme elle l’a fait pour l’ex-Union soviétique et tous ses satellites. Le compte à rebours est déjà commencé.
©Victor Mozo
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Posté par vmozo4328 le 9 juillet 2010
La nouvelle est tombée hier. Cinquante-deux prisonniers politiques cubains seront libérés. Comme cadeau, on leur offre la déportation. Loin des yeux, loin du cœur du peuple, semble se dire le gouvernement de Raúl Castro. Aux dirigeants espagnols, les dirigeants cubains promettent que les ex-prisonniers pourront garder leurs propriétés. Aux prisonniers libérés, ils ont aussi promis qu’ils pourraient rentrer à Cuba moyennant un permis. Triste réconfort pour des gens qui n’avaient fait rien de plus que d’exprimer leur opinion, pour des gens qui n’auraient jamais dû se retrouver en prison. Mais, pensons-y un instant : est-ce de la démocratie que d’expulser de la terre qui l’a vu naître quelqu’un qui ne partage pas la position de son gouvernement et la dénonce sans violence? Ces gens là n’auraient jamais dû être envoyés en prison.

Réjouissons-nous pour cette libération, mais ce que vient de faire le gouvernement cubain n’est qu’une goutte d’eau dans un immense océan de souffrances. Remercions Orlando Zapata Tamayo, que le gouvernement cubain avait laissé mourir; Coco Fariñas, pour sa ténacité et son sacrifice; les Dames en blanc, pour leur courage et la détermination avec laquelle elles demandent que justice soit rendue. Grâce à tous ces gens, Cuba peut se sentir très fier de ses meilleurs enfants. Et, malgré les critiques, l’Église catholique cubaine a joué son meilleur rôle, celui de porteuse de paix et d’espoir. Maintenant, c’est à tous les Cubains, ceux qui vivent dans l’île comme ceux qui vivent à l’extérieur, de veiller à ce que toutes ces promesses de libération ne restent pas lettre morte.
©Victor Mozo
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Posté par vmozo4328 le 6 juillet 2010

Pendant plusieurs jours j’ai fait réviser mon fils en vue des examens de fin de cycle. J’ai dépoussiéré mes notions sur les fonctions quadratiques, les formules de calcul de l’aire totale d’une pyramide et la décomposition factorielle. Après plus de vingt ans à l’écart de ces complexités mathématiques, j’ai reconnecté les neurones dans le but de l’aider à se préparer et m’éviter ainsi de payer le tarif maximum à un professeur particulier. Plus d’une fois pendant ces journées studieuses j’ai été sur le point de renoncer, face à l’évidence que les chiffres ne sont pas mon fort. Mais j’ai résisté.
C’est seulement lorsque Teo est revenu de son examen le plus difficile, en disant qu’il s’en était bien sorti, que je me suis sentie soulagée, car beaucoup de ses camarades d’école risquent de redoubler. La raison en est que, en trois ans d’enseignement du premier cycle, ces étudiants ont vu défiler devant eux trois méthodes d’évaluation différentes. Ils ont également souffert du manque de préparation des soi-disant « maîtres émergeants » et des longues heures de cours assurées par la télévision. Depuis deux semestres, le groupe dans lequel se trouve mon fils n’a pas de professeur d’Anglais ni d’informatique et le programme d’éducation physique consiste à galoper une heure, sans supervision, dans la cour de l’école. Le manque d’exigence et la mauvaise qualité éducative ont conduit les parents à mettre des rustines sur leurs innombrables lacunes de connaissances.
Heureusement l’école de Teo ne fait pas partie des pires. Même si l’odeur des toilettes colle aux murs et sur les vêtements, parce que personne ne veut travailler comme auxiliaire de nettoyage pour un salaire de misère, il y a en tout cas moins d’arbitraire que dans beaucoup de collèges de la Havane. On n’achète pas et on ne vend pas non plus les notes, et ceci est un soulagement car c’est une pratique de plus en plus courante dans les établissements d’enseignement. Les enseignants qu’a eu Teo, bien que mal préparés, sont des personnes de caractère affable, que la communauté des parents a essayé d’aider. En comparaison des problèmes que rencontre une amie avec sa fille dans l’enseignement technique, nous pourrions être satisfaits de la moralité qui prévaut dans l’école secondaire de notre rejeton. D’après ce qu’elle me raconte les relations sexuelles entre adolescentes et professeurs sont devenues la voie habituelle pour réussir une épreuve. Chaque examen est tarifé et peu résistent à l’offre alléchante d’un téléphone mobile ou d’une paire de tennis Adidas en échange d’une note supérieure.
J’ai évité d’aborder cet épineux problème de la détérioration du système éducatif de peur, je le confesse, que mon fils se trouve affecté par les opinions de sa mère. Pendant les trois ans qu’il a passés dans le secondaire, c’est à peine si j’ai glissé quelques critiques sur l’état des infrastructures scolaires, mais maintenant je suis à bout. Ce sont eux les professionnels de demain, les médecins qui seront face à notre corps sur une table d’opération, les ingénieurs qui construiront nos maisons, les artistes qui essaieront de nourrir notre âme avec leurs créations, et cette formation de base lamentable met tout en péril. Nous ne pouvons nous satisfaire de ce que les enfants aient au moins un pupitre et n’errent pas dans les rues à la merci d’autres risques. Entre les murs des écoles ils peuvent développer des vices très graves, des déformations éthiques permanentes, et incuber une médiocrité dans des proportions alarmantes. Aucun parent ne doit rester silencieux face à cela.
Traduit par Jean-Claude MAROUBY
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