De Yoani
Posté par vmozo4328 le 18 septembre 2010
L’insupportable rondeur d’une balle de golf
Comme un gâteau que l’on commencerait à découper avant même de le faire cuire, notre gouvernement étend à 99 ans l’usage de la terre pour les investisseurs étrangers. Des parcelles de cette nation vont tomber entre les mains de ceux qui présentent un passeport étranger, pendant que les entrepreneurs locaux reçoivent les terres agricoles en usufruit pour une durée d’à peine 10 ans. La Gazette Officielle se met à parler « de ventes immobilières » alors que nous savons tous que le sol –notre sol- n’est pas disponible pour les cubains qui voudraient en acquérir une parcelle pour y construire.
Une autre surprise de ces derniers jours a été l’annonce de la création de plusieurs parcours de golf tout au long de l’île. Avec l’objectif de stimuler un tourisme de classe, on va développer de vastes étendues de gazon vert et bien entretenu, assortis de prestations de luxe. Quand j’ai raconté à une amie l’apparition de ces espaces de loisirs, la première chose qu’elle m’a demandée a été de savoir avec quelle eau on allait maintenir l’herbe verte et fraîche. Elle, qui vit dans un quartier ou l’approvisionnement en eau est limité à deux jours par semaine, vit plutôt mal la perspective de jets d’eau aspergeant d’une fine rosée l’espace entre deux trous. Mon amie devra s’habituer car l’abîme va se creuser entre les nationaux dépossédés et ceux qui arrivent de l’étranger avec le portefeuille gonflé.
J’imagine la suite du film : Travailler sur un de ces parcours de golf sera le privilège des plus fiables : autour d’eux on va voir se poster des hommes en costume-cravate, équipés de micros, qui surveilleront que les nationaux ne puissent pas entrer… et venir voir… les fonctionnaires méritants et fidèles auront également leur tour pour frapper la balle. Aussi se préparent-ils déjà à cette matinée qu’ils pourront prendre, et où ils seront tous en bermudas courts sur un parcours de golf tondu, pendant que nous les regarderons de l’autre côté de la barrière.
Traduit par Jean-Claude MAROUBY
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