À propos du livre de Yoani
Posté par vmozo4328 le 9 novembre 2010
Mots prononcés par Madame Danièle Cardin, traductrice du livre Cuba libre. Vivre et écrire à La Havane, lors du lancement du livre le 27 octobre dernier.
D’abord, à mon tour, je voudrais remercier chacun d’entre vous d’être venus assister au lancement de Cuba libre, vivre et écrire à La Havane.
Moi, en tant que traductrice, je vais vous parler de l’écriture de Yoani telle que je l’ai perçue.Oui, Victor a eu une merveilleuse idée. D’abord, il fallait faire connaître Yoani et son combat au public québécois. En fait, il faut que le monde entier se rende compte de ce qui se passe vraiment à Cuba, sans ménager la vérité quotidienne de ses citoyens.Mais l’idée était merveilleuse aussi parce que Yoani a une façon d’écrire bien à elle. Elle ne se met pas simplement au clavier pour raconter son quotidien en alignant les mots comme ils viennent. L’écriture de Yoani n’a rien de « spontané ». D’abord elle a une formation de philologue. Elle a appris à bien écrire sa langue, elle la connaît à fond, et surtout, elle sait le poids des mots et, comme elle le dit: « la force des phrases qu’elle met ensemble. »
C’est vrai que les textes de Yoani se rapprochent du journalisme et de la chronique parce qu’ils rapportent des faits vécus et rendent compte d’une situation politique qui atteint toute la population cubaine et devant laquelle elle pose des questions, émet son opinion. Mais, quant à moi, à lire et relire ses textes, j’ai souvent pensé que son écriture se rapprochait dans une certaine mesure de la poésie. D’abord, le style est empreint d’émotion et de sensibilité, mais également, les mots cherchent à exprimer avec la plus grande justesse possible et dans toute sa force l’émotion que suscite l’événement vécu. En ce sens, à mon avis, les textes de Yoani ajoutent au débat par la dimension humaine qu’elle nous fait découvrir.
Et sachant que « toute traduction est une trahison de l’œuvre », comme dit le proverbe, le défi était d’arriver à rendre dans toute son intensité l’image et le sentiment que Yoani veut nous faire partager. L’urgence, l’impuissance, la colère, la tristesse, mais aussi l’humour, l’humanité, la douceur, le respect, l’amour pour le peuple cubain qu’elle ressent et qui ressort de ses récits.
J’ai eu grand plaisir à décortiquer tout ça. J’ai « planché » aussi. Trouver le mot le plus juste, travailler une phrase qui, mine de rien, était complexe… parce que Yoani semble utiliser des mots simples, quotidiens, comme le sont les sujets de ses chroniques, mais chaque mot compte, chaque tournure de phrase a sa raison d’être et il ne faut rien échapper en cours de route. Mais n’est-ce pas une grande qualité pour un écrivain que de laisser deviner toute la complexité de son écriture sous une apparente simplicité?
J’espère donc que vous aurez autant de plaisir à lire Yoani que moi j’en ai eu à rendre ses textes en français.
Merci.
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