Église de San Juan de Dios
J’aimerais parler de Montréal où on trouve des églises quasiment à tous les coins de rue. Même si je n’y habite pas, Montréal est devenue « ma ville ». Dans un temps pas très lointain encore, j’allais y travailler tous les jours. Alors, pendant les pauses, je m’y promenais et le son des cloches d’une église parvenait parfois à mes oreilles. Mais de quelle église cela venait-il ? Seulement autour de mon lieu de travail, il y en avait trois et si je m’aventurais un peu plus loin, je pouvais apercevoir le clocher d’une quatrième.
Autel San Juan de Dios
Montréal et ses églises s’enracinent tranquillement en moi, laissant un souvenir pour l’avenir et me rappelant un passé, celui de ma ville, Camagüey, qui m’a vu naître il y a presque 60 ans et qu’on appelle, comme Montréal, la ville des églises. (En fait, on disait de Montréal que c’était la ville aux cent clochers) Dans ma ville natale, on pouvait entendre sonner en même temps les cloches de plusieurs églises appelant à la messe le dimanche matin. Je me souviens, n’étant alors qu’un petit enfant, des cloches de la cathédrale, à cinq minutes de marche de chez moi, et des cloches de l’église de Saint-Jean-de- Dieu, encore plus près, laquelle communiquait autrefois avec un hôpital pour enfants, qui servait aussi de couvent à des carmélites et qui était dirigé par une vieille dame d’origine espagnole, toujours vêtue de noir. Je me souviens de deux religieuses, sœur Maxima, qui avait provoqué mes cris après m’avoir fait une piqûre de pénicilline, et sœur Teresa Maria, avec ses yeux bleus et son visage d’ange, qui me souriait toujours.
Cathédral de Camagüey
Oui, je marche dans les rues de Montréal et je pense à ma ville, plus petite certes, mais pour moi grande et belle. Je parcours mentalement ses rues et ses innombrables ruelles, et je passe, chemin faisant, devant l’église de Las Mercedes, là où convergent les rues Estrada Palma, Independencia et Cisneros. Je continue ma marche, et juste à deux pas, se trouve l’église de La Soledad entre les rues Estrada Palma et República. Ces deux dernières d’architecture baroque. Sauf dans deux églises d’architecture gothique, San José et Sagrado Corazón, le baroque s’impose dans les églises de ma ville.
Église de la Soledad
Oui, à Camagüey, en un rien de temps on peut passer devant les dix églises les plus grandes de la ville. Il suffit de quitter la cathédrale par sa porte principale pour se retrouver face à la rue qui mène à l’église del Santo Cristo del Buen Viaje, à l’entrée du cimetière. Si on sort par la porte latérale de la rue Luaces, à trois coins de rue, se trouve le Sagrado Corazón et si on décide d’emprunter la rue Cisneros, toujours par la porte principale, celle-ci nous mènera à l’église de La Caridad. Et pour finir dans ce secteur, après être passé par d’autres rues étroites, calquées peut-être un peu sur celles de Séville, on arrive à l’église Santa Ana, possiblement la plus ancienne de ma ville. Je n’oublierai pas de mentionner l’église Del Carmen, autour de laquelle de petites ruelles s’entrecroisent. Si je me force un peu, car c’est la plus éloignée, en empruntant la rue República, j’arrive à l’église San José, gothique, plus moderne, située sur La Avenida de los Mártires, près d’une école secondaire, autrefois l’ancien collège des Frères Maristes.
Oui, passer devant ces églises à Montréal me rappelle sans cesse ma ville. Comment l’oublier ! Derrière la plupart des églises de ma ville, il y a des siècles d’histoire. Ce n’est pas pour rien que Camagüey a été déclarée patrimoine de l’humanité. Il me semble que je sens encore l’odeur de l’encens et du bois précieux des sacristies. Je sens aussi que je suis Cubain, même si des gens malintentionnés m’ont déjà dit en public que je ne le suis plus. Comment pourrais-je cesser de l’être ?