Posté par vmozo4328 le 21 mars 2016

(Photo) Joe Raedle, Getty images
UNE CARTE POSTALE POUR OBAMA
Tout devient beau et bon à Cuba, pour la visite historique de deux jours du président Barack Obama.
Le peuple cubain, lui, avec cette bonne humeur et la résignation qui le caractérisent, y va déjà de ses commentaires : « Depuis 50 ans que je vis dans ce quartier, je n’avais jamais vu un travail si bien fait », mentionne un homme devant un nid-de-poule énorme qui vient d’être réparé.
« Celui qui veut connaître la route qu’Obama empruntera n’a qu’à suivre le tapis noir de l’asphalte. »
– Un Cubain
« Dommage qu’il ne vienne pas jusqu’au village d’Atarés, les maisons y sont tellement délabrées qu’on ne peut même pas les maquiller avec de la peinture », dit une femme. La Havane se donne des airs de carte postale. On peint, on asphalte, on rénove, on enlève tout ce qui est sale, y compris les mendiants. Journalistes et autres « historiens » s’occuperont de maquiller le reste. Louée soit donc la révolution castriste.
Ouverture totale, fin prochaine de l’embargo pour certains, peur de la mainmise américaine pour d’autres. Soudainement, des présidents, des ministres et des journalistes oublient le passé. Ceux et celles qui élevaient la voix pour s’insurger contre le sort réservé aux opposants ou contre le contrôle excessif du gouvernement sur la population deviennent sourds et muets. « Le passé a été effacé, cet effacement oublié, le mensonge est devenu vérité », écrivait Orwell.
Mais soyons optimistes. La visite d’Obama représente un atout pour ce président qui, selon certains dires, est plus populaire à Cuba que les frères Castro. C’est aussi une façon de faire le plein d’illusions pour les Cubains qui, de tout temps, ont porté les Américains dans leurs cœurs. La jeunesse cubaine continue à voir « l’ennemi impérialiste » comme la vraie solution à tous ses malheurs et ne rêve pour la majorité qu’à partir aux USA. La Yuma, selon l’expression populaire, l’a toujours attirée. Et cette visite met un peu de baume, même si c’est éphémère.
Deux jours, c’est très court pour une visite à Cuba, président Obama, mais je sais que vous ferez de votre mieux. Parfois, en politique, il faut être à la fois avec Dieu et avec le diable. Dommage que vous ne puissiez pas visiter, à La Havane, des quartiers très pauvres comme la Lisa, la Palma, le Cotorro, Palocagao. Tout est planifié pour votre visite y compris la rencontre avec quelques dissidents. Même les spectateurs qui verront avec vous le match de baseball opposant Cubains et Américains ont été triés sur le volet et on exige d’eux de la discipline même si certains n’aiment pas le sport national. Entrée garantie donc pour des membres du Parti et de la Jeunesse communiste. La visite de la première dame a aussi été précédée par des réparations à la hâte et des consignes bien précises au personnel qui la rencontrera. Big Brother is watching you.
La carte postale composée expressément pour le président Obama est belle. Moi, j’en ai une autre, plus triste, celle d’une jeunesse qui fuit le pays, celle d’un pays dont la population vieillit sans espoir, celle où le taux de suicide est le plus élevé en Amérique (16,3 pour 100 000 habitants, selon l’OMS et l’OPS) et où le taux d’alcoolisme est aussi très haut. Consultez les journaux cubains et vous verrez. Bienvenue, monsieur le président, les généraux et les hauts dirigeants qui vous recevront s’en frotteront les mains et crieront victoire. Le peuple, lui, attendra la prochaine vague qui le mènera aux côtes de la Floride. Pour le moment, le gouvernement américain a fait beaucoup de concessions, et c’est très bien. Mais le gouvernement cubain en fera-t-il autant ?
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Posté par vmozo4328 le 7 mars 2016

Photo Alexandre Meneghini/Reuters
Eh oui, le président Barak Obama, le premier président noir (dois-je dire à moitié noir, suivant l’idée de mon ami noir Ramón Colas, car la mère d’Obama était blanche), visitera l’île de Cuba très prochainement. Qui aurait pu dire que cela arriverait un jour, n’est-ce pas ? Mais la vie est comme ça et pour un politicien, s’il y a quelque chose qui prime avant tout, c’est bien l’enjeu politique rehaussé d’une pincée d’égocentrisme. Car
M. Obama veut avant tout laisser sa marque. On s’en fiche que ce soit pour le bien d’un peuple ou plutôt pour ce qu’on en dira. Il ne sera pas le premier politicien à le faire et il ne sera pas le dernier non plus.
Le président noir remarquera-t-il, à son arrivée à Cuba, que très peu de Noirs parmi les dirigeants iront lui serrer la main? C’est simplement que les hauts dirigeants cubains sont plus blancs que blancs. Bien sûr, un Noir plus que noir, M. Esteban Lazo, sera parmi ceux qui iront serrer la pince à l’illustre invité. Comme son prédécesseur dans le parti communiste, le commandant Juan Almeida Bosque sera là pour représenter tous les Noirs de l’île. Ajoutons aussi la fanfare de l’armée, composée en grande partie de Noirs; il ne faut pas les oublier, ceux-là. Mais laissons de côté les couleurs de la peau, je ne veux pas qu’on me traite de raciste.
Le président Obama arrive à Cuba et si autrefois les Cubains ne pouvaient pas sentir les États-Unis d’Amérique, du moins en public, et qu’ils criaient à tue-tête « Cuba sí, yankees no », maintenant ils crieront le contraire: « Cuba si, yankees también (aussi) », n’est-ce pas? Sacrés compatriotes cubains, un jour avec Dieu et le lendemain avec le diable, et ainsi en sera-t-il pour des décennies et des décennies, amen.
Comme à l’habitude, on peint et on répare à la hâte, car tout doit être beau pour faire bonne impression. Peut-être les Cubains agiteront-ils des petits drapeaux américains. Peu importe, il suffit de voir certains Cubains et Cubaines arborant fièrement le drapeau étoilé et même l’aigle impérial sur leurs vêtements. Les Cubains ont toujours porté l’éternel ennemi dans leur cœur. Sinon, allez leur demander dans quel coin de la planète ils aimeraient vivre. La réponse ne se fera pas attendre. Pas en Bolivie, pas au Venezuela, pas en Équateur. Non, non, aux États-Unis, chez ce monstre impérialiste qu’on enseignait aux enfants à haïr depuis l’école primaire.
Après cette visite de deux jours, quand Obama repartira, on se nourrira d’illusions pendant quelque temps, puis viendra le désenchantement, comme d’habitude. Mais tout ne sera pas perdu pour mes compatriotes puisque l’idée leur restera qu’au paradis des racistes – selon la bible castriste – un Noir est arrivé à se faire élire président, et neuf mois plus tard, le souvenir de cette mémorable visite se transmettra à jamais aux nouveaux rejetons de la révolution. Bienvenue donc aux Obama, Obamito, Obamita, Barak, Barakito et pourquoi pas Michelle, pour faire honneur à la première dame. La génération O vient de commencer. Le meilleur de tout ça, c’est que les enfants ne voudront plus être comme le Ché (ils n’ont jamais voulu l’être, d’ailleurs) et au lieu de crier chaque matin avant d’aller en classe: « Pioneros por el comunismo seremos como el Ché », ils crieront: « Pioneros por el capitalismo seremos como Obama. »
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Posté par vmozo4328 le 16 février 2016

Voici un documentaire sur Cuba. Il a été produit il y a quelques années. Néamoins, il reste d’actualité. Malheureusement c’est juste en anglais et en espagnol, je suis désolé pour cet inconvénient. Merci et bon visionnement.
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Posté par vmozo4328 le 15 février 2016

Photo: Reuters Staff/Reuters
Cuba revient à la mode et des journalistes, qui autrefois critiquaient volontiers le système mis en place par les frères Castro depuis 57 ans, tournent casaque et le louangent maintenant presque sans réserve. Ce changement de cap si soudain, surtout dans le cas de Radio-Canada, m’amène à me poser certaines questions.
On est tellement habitués d’entendre parler des coupures budgétaires à Radio-Canada que l’annonce qu’une équipe de la télévision s’installe à La Havane pendant un mois me semble pour le moins étonnant. Je me demande si Radio-Canada a déjà dépêché un journaliste dans un autre pays d’Amérique latine pour nous présenter des reportages de façon aussi assidue. Pourquoi Cuba est-il si important en ce moment pour Radio-Canada?
À Cuba, tout à coup, tout est presque parfait. Les prises de vue nous montrent La Havane en pleine évolution. Du jamais vu, selon le journaliste. Des rues propres, des gens contents. On parle de nouveaux riches. Même qu’on peut devenir millionnaire, et on mentionne deux ou trois privilégiés du régime connus. On montre aussi des gens qui ont bien réussi. Mais s’est-on renseigné si ces gens sont proches du pouvoir? Et le journaliste se fait rassurant lorsqu’il parle d’une augmentation de 4 % du PIB pour cette année. Mais peut-il se fier sur ce chiffre quand il est bien connu que le gouvernement cubain ne suit pas les règles internationales pour fixer son PIB? Afin de voir de quoi il en tourne réellement, je lui recommanderais d’aller fouiner du côté des gens qui font des petits métiers, ceux qui suent du matin au soir, qui sont régulièrement contrôlés et auxquels les inspecteurs, qui sont légion, extorquent de l’argent. Dans un pays où la majorité de la population survit grâce à l’argent envoyé par les exilés cubains et par la main-d’œuvre que Cuba exporte, par exemple les médecins, dire que le PIB augmente alors qu’on ne voit aucune production agricole ou industrielle me paraît bizarre.
Il y a anguille sous roche, à mon avis. Je peux me tromper, mais s’occuper à ce point-là d’un pays comme Cuba me donne à penser que derrière tout ça se cache le gouvernement canadien. C’est que le Canada, tout simplement, ne veut pas rester en arrière, comme un simple spectateur, et veut tranquillement préparer l’opinion publique au fait qu’il pense à placer ses pions sur l’échiquier économique, à l’instar d’autres pays comme la France. Rappelons-nous que Radio-Canada est la télévision d’État. À quand la visite de Justin à La Havane? Ou, peut-être, à quand la visite de Raúl Castro à Ottawa?
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